Biographie de Jacques Selle

Jacques Selle est un peintre lyrique, un observateur depuis sa plus tendre enfance. Influencé par « l’image » quelle qu’elle soit, il éprouve le besoin de matérialiser en couleur et en matière ce que cette image à fait naître dans son imagination. Ses bleus, si vifs, sont nés de ses souvenirs marins. Le mouvement des vagues, l’énergie océane de l’étendue d’eau se retrouve constamment dans le mouvement du pinceau. Le désert, le sable qu’il a bien connus sont évoqués par des couleurs chaudes extraordinaires où l’épaisseur de la touche fait matière.

Il le fait avec dynamisme et énergie. Chaque toile est le résultat d’une réflexion, d’une imagination débordante.

Penderecki est de la même génération que Jacques Selle. Ils ont connu tous les deux, les années cinquante avec leur explosion d’idées nouvelles, à exploiter. Ils se sont imprégnés de cette modernité et de cette ardeur à inventer. Leur création reste dans l’air du temps. Ils sont les représentants de l’évolution artistique du XXè siècle et du XXIè siècle. Les corrélations qui unissent les évolutions de la peinture et la musique. La sensibilité de l’artiste s’imprègne bien sûr, du contexte culturel de son temps, et il est amusant de constater la régularité de ces cycles d’une vingtaine d’années qui en régissent la succession.

Notre monde actuel est calqué sur la vitesse, le superficiel, l’image, mais « l’image choc ». La peinture de Jacques Selle au contraire, s’attache à l’image du monde vrai. Le dynamisme de son geste et la pureté de ses couleurs vives et propres trouvent en nous l’écho des sentiments et des sensations les plus vrais, les plus profonds et les plus durables. Entrer dans l’univers abstrait de Jacques Selle, c’est y découvrir un langage riche, subtil, nuancé. Ses couleurs sont expressives, mais, sa matière, elle enferme tout un monde d’impressions subtiles et raffinées. La touche est précise et intentionnelle, insufflant une dynamique vive à chaque toile.

Anne de Boysson
Mélomane


Il est certain que le fait de naître à Fécamp a déposé en Jacques SELLE, la précieuse faculté d'aimer et de transposer la beauté tant sa peinture est non seulement admirable, mais d'une vitalité et d'une qualité rarement observées chez un artiste, même de talent.

   Ses espaces ne sont qu'une somptueuse dynamique d'éléments plus ou moins irréels, mais où l'éclat et le dramatique s'affrontent avec une élégance sidérale ou tumultueuse dans une gamme de couleurs rigoureuses.

   Plus terre à terre sont les bouleversants accords chaleureux et quelques cycles quasi-infernaux, mais toujours d'une extraordinaire qualité plastique.

   Volontairement, Jacques SELLE en arrive ainsi à la suggestion d'espaces, d'êtres, de lieux, mais toujours totalement investis dans le rythme, avec même une sensualité agissante qui laisse confondu.

   Ainsi se déclenche la poésie, l'amour, la vie par la magie de l'artiste, qui impose l'impossible aux yeux de tous en une audacieuse genèse créée en voyageur de l'esprit, tenant généreux de l'harmonie, même lorsqu'il se voue avec superbe au délicieux jeu du collage.

André Ruellan
Critique d'art


Espaces mouvants

 Entre abstraction lyrique et figuration libre, l’univers de Jacques Selle n’a de cesse d’explorer l’espace et la vie intérieure de l’homme. Pour lui, le plaisir de la couleur s’accompagne d’une quête de sens. A l’appréhension du cosmos s’ajoute une dimension métaphysique, ouvrant le regard sur un imaginaire nourri d’innombrables voyages et de spéculation philosophique.
Oscillant entre une abstraction vaporeuse et de biens singuliers portraits, quelque fois caricaturaux, l’univers de ce personnage ne se laisse pas, il est vrai, emprisonner dans une formule. Chez lui, la recherche de sens est préalable à toute démarche plastique. Ayant voyagé à travers le monde – il avoue avoir parcouru la planète – l’homme s’est imprégné de ce qu’il découvrait, faisant renaître sur la toile ou le papier des impressions glanées entre la terre et l’eau, entre l’air et le feu, éléments que l’on retrouve parfois intiment mêlés dans son travail et que la couleur seule permet d’identifier tant la fusion se fait ténue.

Avant de rejoindre sa normandie natale, Jacques Selle habitait Paris, dans le quartier du Marais, il possédait un atelier à la Bastille. Longtemps impliqué dans des missions socio-économiques, jacques Selle a parcouru bien des pays en voie de développement et visité des sites aussi mythiques que la cordillère des Andes et la Terre de Feu. En tant que navigateur de plaisance, il a eu par ailleurs l’occasion d’affronter l’océan en navigation hauturière, rien d’étonnant pour ce Fécampois d’origine qui fût dès son plus jeune âge, bercé par la vigueur bienfaisante des embruns. C’est pourquoi les espaces maritimes, qui ouvrent à la pensée un champ pratiquement infini, tiennent une place si particulière dans son itinéraire de peintre qui commença par une rencontre. Jacques Selle fit en effet partie d’un groupe de recherche qui, revendiquaient l’expression libre, tentait à sa manière d’approcher la modernité. Ayant vite agréé au sein de cet aréopage, il fut amené à y croiser des gens venus de tous les horizons intellectuels.

Refusant la facilité, il prépare ses couleurs lui-même à la manière d’un alchimiste. Très friand de musique russe (Moussorgsky, Borodine, Stravinsky, Scriabine figurent parmi ses compositeurs préférés), il revendique dans sa recherche une certaine part de mysticisme. Sa démarche de pensée pourrait tenir dans cette formule : « il n’y a pas, affirme-t-il, de distinction entre la forme utile et la forme dans son essence » ; passant aussi bien du pastel vernissé à l’encre, de la figuration au mouvement de l’expression de la douleur à une plongée sensuelle dans le cosmos, Jacques Selle a tendance à revenir vers un certain « minimalisme » qui lui tenait à cœur. Quelques–uns de ses titres sont de véritables programmes : Mirage du Sud, Littoral, Profondeur maritime. Parfois, le plaisir de la composition l’emporte sur le plaisir de la couleur, comme cela semble être le cas dans une série d’œuvres consacrées aux attitudes humaines. Mais il arrive aussi que le ton se fasse plus grave pour dénoncer l’angoisse et l’interrogation qui étreignent l’homme universel. Chez Jacques Selle, peintre assoiffé de grèves et de paysages minéraux, la figure de l’oiseau revient de temps en temps hanter l’espace intérieur du tableau.

Il symbolise alors la destinée humaine, ses envols et ses chutes. Mais rien ne paraît surpasser ses étonnantes compositions abstraites et ses collages où le bleu le dispute sans cesse à l’or. Très à l’aise dans les petits formats ou les toiles de grandes dimensions, il redoute davantage les formats moyens qui, de son propre aveu, lui créent plus de difficultés.

Chez Jacques Selle, l’effusion de la couleur procure au spectateur une étrange sensation de mouvement et ses grandes nébuleuses nous projettent hors du temps ordinaire, là où l’esprit retrouve l’inaltérable liberté des éléments immémoriaux.

Luis PORQUET


   Le moment de la rencontre avec un créateur est souvent marqué de ce mélange indéfinissable, de part et d'autre, d'une retenue et d'une certitude qu'il se passera quelque chose. Une visite d'atelier est l'exacerbation de ce sentiment. Les yeux captent d'un mouvement rapide le lieu. Dans le vestibule d'entrée, sur un chevalet, une toile puissante évoquant une peinture rupestre par cette forme de taureau où le noir, le rouge, le marron couleur terre, vous incite a y revenir tandis que le peintre résolument vous emmène dans la pièce voisine. Vous savez que vous y reviendrez, d'autant que d'autres grands formats reposent les uns sur les autres contre le mur et que dans l’ébauche d’un escalier d'autres peintures plus figuratives vous informent, sans que vous le sachiez, que déjà suggestion ou affirmation des formes caractérise cette production artistique.

    Dialectique des bleus, des rouges, des formes, des non formes sont au service de ce monde de sensations premières oubliées enfouies de chacun de nous. Ces sensations qui nous émeuvent, on ne sait trop comment, cheminent en nous pour en débusquer l'écho d'un monde intérieur, au gré de nos propres expériences passées. Sans vouloir forcer sur le thème des paradoxes de cette peinture, un érudit pourrait discourir quant à l'emploi de la matière : pigments naturels liants acrylique, huile, pour cette dialectique. Il nous ferait remarquer les tentatives d'effet de relief par l'épaisseur de touches superposées. Et Jacques SELLE de dire qu'il aurait aimé faire de la sculpture.

Monde pulsionnel. Deux couleurs prédominent, le bleu et le rouge pourpre. Touches blanches ou noires, puis une palette plus étendue ne sont là que pour renforcer la dialectique de ces deux couleurs. Le pas tout a fait figuratif ou l'abstrait sont au service de ces deux mondes chromatiques.

Et si le figuratif par moment est présent, il évoque peut-être l'exercice passé, mais en fait, nous donne des clefs de compréhension. Bien sûr, le bleu de la mer qui se perd dans le ciel, le rouge flamboyant d'une terre de forêt en feu ou d'un volcan qui nous dit que cet homme n'est pas aussi calme qu'il en a l'air.

Et si, il s'essaie au portrait, c'est en fin de visite qu'il confie à notre regard un visage d'homme, résolument figuratif, comme taillé dans la matière, à la teinte monochromatique bleue, réalisé sans modèle, ni miroir et qui s’avère un autoportrait. Figure forte, aux vibrations bleues, profondes, peut-être un peu mélancolique.

Extrait d'un texte de Jean Marie Bedoret
(écrivain à la rencontre des artist


Jacques Selle : poète lyrique des formes et des couleurs par Agnès Lecompte,
critique d’Art

Jacques Selle ne peint pas le visuel mais se sert du visuel pour peindre des sensations.
Chez lui, l’évocation, qui reste forte, surpasse les réalités et va rechercher ses racines dans les subtilités d’un langage fait de nuances et de couleurs à partir desquelles s’enveloppent les formes et les surfaces, afin de se fondre dans une nouvelle identité.
Comme sous un manteau de brume protectrice, la matière évanescente et vivante couvre avec pudeur les contours des choses.
Le voile transparent, dont la célèbre danseuse, Ilia Duncan, couvrait la perfection de ses formes, devenait le prétexte de vie dans laquelle s’inscrivait l’harmonie d’un mouvement.
Celui-ci s’intégrera lui-même dans la fluidité musicale de la chorégraphie pour faire naître une autre création composée d’impressions et d’allusions.
De la sorte, le peintre lie étroitement, dans une même composition, la vigueur des faits, que traduit celle des couleurs, et les raffinements intellectuels que cueille le regard du créateur, mu par les reflets changeants des humeurs.

L’inspiration de Jacques Selle s’inscrit dans les nuances de ses sensations, artiste il devient poète, poète il devient musicien, musicien il se métamorphose en esprit et nous ouvre les portes du sublime.
La matière, la vie sont là présentes, unies !
Mais l’impression l’emporte sur le réel, le rêve prolonge la réalité.
Ainsi de cette jeune femme aux seins lourds de promesses dont l’Artiste ne fait qu’évoquer les charmes, qui vont parcourir le jardin secret de son corps pour y rechercher la source d’un paradis aujourd’hui oublié.
Ce que les premières visions nous offrent, et qui se révèle par une abstraction, c’est à l’évidence un changement de langage dans lequel Jacques Selle a trouvé une autre résonance, dont les tonalités semblent couvrir le message habituel.

Certes l’œil exercé découvre les effluves du réel, de la matière vivante et profonde, mais celles-ci sont idéalisées et ne se laissent apercevoir qu’éclairées par une autre lumière plus délicate, plus imaginative, plus sensuelle dans laquelle se rejoignent l’universalité des arts et de la beauté, réfugiée à jamais au pays des harmonies.

A. Lecompte



Jacques Selle
Jacques Selle artiste peintre
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